Milléniaux : on n’est jamais trop jeune pour la planification préalable des soin

Résumé :

  • La planification préalable des soins c’est pour tout le monde!
  • On peut avoir l’impression d’être « trop occupé » pour faire une démarche de PPS, mais plus vous êtes occupés, plus vous avez de raisons de planifier votre avenir.
  • Un coordonnateur de succession peut vous guider tout au long de votre démarche de planification, et vous permettre de vous concentrer sur ce qui compte vraiment : protéger vos valeurs et vos proches.

Si vous m’aviez demandé, il y a dix ans (à l’âge mûr de 27 ans), de vous parler de mon plan préalable de soins, j’aurais été incapable de vous répondre.

Aujourd’hui, en tant que professionnelle travaillant dans le domaine de la planification du vieillissement et de la fin de vie, la planification préalable des soins est un sujet auquel je pense beaucoup. Mais bien franchement, en regardant mes amis aussi dans la trentaine ou un peu plus, je pense que je suis peut-être encore la seule à vraiment comprendre ce terme – et pourquoi il est si important. Ce qui doit changer.

Qu’est-ce que la planification préalable des soins?

La planification préalable des soins (PPS) consiste à mettre sur papier vos volontés et vos directives en ce qui concerne vos soins de santé éventuels. Ce plan sera utilisé si vous vous retrouvez dans des circonstances où vous n’êtes plus en mesure de prendre vous-même vos décisions en matière de santé – comme si vous subissez de graves blessures ou souffrez d’une maladie qui affecte vos capacités de réflexion ou de communication.

La PPS vous permet également de désigner un mandataire, soit la personne qui pourra prendre des décisions en matière de soins de santé à votre place si vous en devenez incapables.

On n’est jamais trop jeune pour la planification préalable des soins

En 2021, au Canada, 72 % des milléniaux n’avaient pas de testament. Et on peut supposer que les chiffres concernant les PPS étaient encore plus bas.

La même étude a révélé qu’un des principaux obstacles qui nuisent à la PPS chez cette population est un manque de temps. C’est tout à fait logique : les milléniaux sont actuellement à l’étape de leur vie où ils travaillent plus de 40 heures par semaine, paient des taux d’intérêt incroyablement élevés sur leur hypothèque (merci Banque du Canada) et élèvent souvent de jeunes enfants. Il se passe bien trop de choses dans leur vie pour qu’ils puissent penser à la planification préalable.

Mais c’est pour cette raison que c’est si important! Plus vous en avez sur les bras, plus il y a de risques que les choses tournent mal en cas d’imprévus. Vous jonglez avec toutes sortes de choses en ce moment. Imaginez ce qui se passerait si vous étiez soudainement incapables de tout gérer.

Quand on y pense, la PPS ne concerne pas que vous. Vous avez une vie bien remplie. Beaucoup de gens comptent sur vous, et peut-être des enfants. Il faut vous demander ce qu’il adviendra de ces gens si vous devenez soudainement inaptes.

Prévoir les imprévus

La triste réalité, c’est que la vie peut changer en un clin d’œil. Désolée d’être morbide, mais c’est la vérité.

Vous pourriez sortir de chez vous dans cinq minutes et vous faire renverser par un autobus. BUS

Ou vous pourriez découvrir que vous avez un cancer en phase terminale et qu’il ne vous reste que quelques mois à vivre.

Ou encore, vous pourriez être frappés par une forme précoce d’Alzheimer, de diabète avancé ou autre.

Ces seuls scénarios soulèvent un grand nombre de questions à aborder dans votre PPS :

  • Si vous étiez heurtés par un autobus et perdiez vos facultés, quelles interventions médicales voudriez-vous? (Sachez-le, le personnel médical n’est pas aussi indulgent que dans nos émissions de télé préférées!)
  • Si vous découvriez que vous êtes atteints d’un cancer en phase terminale, comment voudriez-vous vivre les semaines ou mois qu’il vous reste à vivre?
  • Et si votre conjoint ou conjointe recevait un diagnostic de la maladie de Parkinson, sauriez-vous comment changer votre mode de vie pour l’adapter au déclin de son état? Avez-vous pensé à ce qu’il ou elle s’attendrait de vous?

Et en plus de vos volontés en matière de santé, la PPS vous permet de consigner vos décisions financières dans divers scénarios. Prenons cet exemple : votre mère est catégorique, elle refuse de déménager dans un établissement avec soutien à la vie autonome ou une maison de retraite. Mais alors, qui s’occupera d’elle à la maison si elle fait de la démence et qu’elle a besoin de soins 24 heures sur 24?

La PPS est une occasion de réflexion et de discussion

Réfléchir à des questions comme celles ci-dessus est au cœur de la PPS. Il s’agit d’une démarche de réflexion sur nos valeurs et sur ce qui est important pour nous dans la vie.

L’exercice peut être difficile, mais aussi extrêmement enrichissant. La planification préalable des soins nous donne l’occasion de prendre le temps de vraiment réfléchir à ce qui compte dans la vie, et à ce que nous voulons laisser comme legs à notre départ.

Nous avons le privilège de vivre dans une société où nous pouvons faire des choix concernant notre vie et notre mort. Nous vivons dans un pays qui soutient l’aide médicale à mourir et le droit de choisir le lieu de notre mort (hôpital, résidence de soins palliatifs ou domicile), entre autres choses. Ce ne sont pas des privilèges qu’ont toutes les populations dans le monde. Nous devons faire davantage pour prendre en main notre vie – et otre décès.

La préparation d’un plan préalable est également l’occasion d’inciter vos proches à faire de même. Connaissez-vous les réponses de vos parents à toutes les questions abordées précédemment? Sauriez-vous quoi faire si un d’eux devenait incapable de prendre ses propres décisions médicales? En tant qu’enfant, vous avez parfaitement le droit de leur demander de réfléchir à ces questions et de préparer un plan préalable pour eux si ce n’est pas encore fait.

Comme je le dis souvent, vos parents vous ont obligés de les écouter vous expliquer la sexualité. C’est maintenant à vous de les obliger de discuter de leurs vieux jours.

Comment amorcer la planification préalable des soins

Même si vous comprenez l’importance de la PPS, il peut être difficile de l’amorcer. Et c’est OK!

Il est tout à fait normal d’avoir du mal à aborder ces sujets. Il s’agit ici de faire face à notre propre mortalité. Ce n’est pas pour rien que nous sommes si nombreux à toujours repousser cette réflexion.

Non seulement ces conversations peuvent être angoissantes, mais souvent on ne sait tout simplement pas comment les commencer. Il y a tellement de choses à aborder qu’on ne sait pas par où commencer.

Si c’est votre cas, travailler avec un coordonnateur ou une coordonnatrice de succession est la façon la plus facile d’amorcer votre démarche de PPS. Ces professionnels de la planification du vieillissement et de la fin de vie savent exactement quelles questions poser et comment vous guider tout au long du parcours. De plus, ils peuvent prendre en charge les tâches logistiques et bureaucratiques afin que vous puissiez vous concentrer sur ce qui compte vraiment pour vous : vos relations, vos valeurs et votre legs.

Planifier le vieillissement et la fin de vie est difficile, mais ça en vaut la peine, promis. Avoir des discussions difficiles aujourd’hui vous épargnera une quantité phénoménale de stress et de déchirements demain.


Mallory McGrath est la fondatrice et présidente-directrice générale du groupe Viive Planning. Elle est également une épouse, une fille, une mère, une sœur et une amie. Elle milite pour la planification du vieillissement et de la fin de vie afin d’aider les familles à communiquer ouvertement et à éviter les tensions dans leur parcours de vie.

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